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    SIDO


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  • AUTOMNE

     

     

     

     Il restait là, en contemplation devant  cet horizon tourmenté, comme attiré par les rouleaux dont l’écume grisailleuse, diffuse,  embrumait ses pensées.

    des formes sur l'eau
    paillettes de souvenirs
    en reflets solaires
    avec elles au gré du vent
     tu t'éloignes me reviens


     

    Ce début d’automne, présent dans les buissons roux, tristes témoins clairsemés d’un été joyeux, lui renvoyait son image : un corps qui s'abandonne aux heures à perdre.

    les ombres se tintent
    de roux sans toi je les compte
    des yeux les ridules
    creusées par l'eau dans le sable
    pour combien de temps encore ?

    Les rêves d’autrefois roulaient avec la houle dans sa mémoire.  ELLE, Il ne voyait qu’ ELLE : dans les nuages, dans l’échappée de bleu que le ciel, comme vainqueur de l’orage imminent, laissait deviner ça et là

    Sourire du ciel
    emmitouflé de nocturne  
    l' arc en ciel soudain
    traverse l'immensité
    que de reflets dans tes mèches !

     Il l’entendait dans le ressac des vagues projetées sur les rocs, les soupirs de son fidèle compagnon qu’elle lui avait ramené un jour en riant «  regarde, il a la couleur de mes cheveux, il m’a choisie mais je te le donne pour que tu penses chaque jour à moi ». Elle s’était envolée avec les dernières lueurs du soleil d’été…

    Des lumières rousses
    dansent ce soir sur la mer
    silencieusement
    fouler le sable pieds nus
    comme autrefois avec toi

    Les effluves d’iode renvoyés par un vent de plus en plus menaçant aujourd’hui, le ramenaient toujours sur ce bord de mer où ils s’étaient retrouvés. Un peu de son parfum y flottait encore. Et il le respirait…

     

    SIDO


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  • Atmosphère plombée         ETE en musique et en 5 tanka
    dehors grève du soleil
    mais mon rire fuse
    tu te mets à fredonner
    i 'm singin in the rain  
                             

    Jusque dans mes songes
    me poursuit l'oiseau rebelle
    la voix de Carmen
    "prends garde à toi" répété
    dans un grondement d'orage

    Du temps à rallonge
    sans tabac je plane - chaleur
    d'un joue contre joue
    dans les années cinquante-huit     ETE en musique et en 5 tanka
    " Only you" dit l'oreillette

     

    Me revient en boucle
    la chanson du carrousel   
    au cheval de bois
    je tourne tourne avec toi
    dans ce manège du temps 

    Par ma fenêtre entre
    Rachmaninov- je revois
    un  tout jeune enfant
    pataugeant dans le lagon
    ma gorge soudain se noue

      

                SIDO

     

      Les 4 premiers Tanka font  partie d'un Renga de 8 participants  (tanka enchainés sur un thème donné,  reprenant un mot ou une idée du tanka qui précède ). Ces tanka ne se suivent pas ici.  Seul le thème "musique" leur est commun.

     

                                  


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    Explosion de rouge  
    sur le mur de mon voisin
    si c'est une invite
    comment ignorer l'appel
    des roses même l'hiver

     

    Roses

     

     

    SIDO

     


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  • Tanka prose : Réveil d'été

     

    PETIT MATIN

      Petit matin d’août. Les premiers signes annonciateurs du jour traversent les hauts feuillages des chênes, s’infiltrent dans la chambre par l’interstice des volets entrouverts.
    Un rai de clarté, timide intrus, se dessine en oblique pâle sur le mur, progresse en éclaireur, comme pour prendre ses marques avant l’arrivée des puissants rayons.

    Lumière blafarde
    dans l'obscurité s'infiltre

    l'aurore déjà
    une irrésistible envie 
    te retrouver dans mon  rêve



     L’air encore moite des douceurs de la nuit laisse s’évanouir des senteurs indéfinies, amalgamées, de végétaux, de sol terreux, humides ;  Quelques bruits assourdis, espacés, signalent le proche réveil des êtres et des choses.

     Le temps semble suspendu dans cette frange délicate, ouatée, qui borde l’ombre, frôle la lumière. La conscience, imprégnée de ses rêves, émerge peu à peu des profondeurs du sommeil, invite à prolonger encore un instant cette promenade entre deux rives qui sent bon l’apaisement.

    tiédeur du moment
    mon chemin des mots se ferme

    aux chocs des pensées
    je goûte au feutré de l'air
    dans un vide floconneux

     Les songes éveillés ramènent les images heureuses du passé, ou celles nées des désirs informulés qui s'imposent avec la force de constructions idéalisées.

    la clarté progresse
    remonter un peu le store

    juste ce qu'il faut
    une esquisse de sourire
    est-ce moi dans tes pensées ?

    Confuse sensation de devoir quitter un monde douillet, pour basculer dans un autre, plus rude, trop connu !

    Au fil des minutes l’aurore prend possession des lieux, se pose partout jusqu’aux moindres recoins, force le barrage de mes paupières, jusqu’à le faire céder. Sa caresse est si tendre sur les yeux, que leur faible résistance est vite brisée. 
    Ouvrir grand les fenêtres pour laisser entrer les parfums du jardin, les premiers pépiements d’oiseaux, mieux respirer la brise matinale d’été, faible et frais murmure en frissons sur la peau découverte.

    au petit matin
    du chèvrefeuille en fleurs monte

    une odeur de miel
    de ces petits plaisirs simples
    que j' engrange pour plus tard

    Mon esprit, d’images en images,  passe de l’une à l’autre en total illogisme. 


    l'enfance revit
    sur la commode éclairée

    une poupée veille
    avec elle me revient
    la tendresse de mon père 

     
    des pêcheurs de bronze
    attablés sous des tonnelles
    la mer fait silence
    moi je grave cet instant
    dans l'airain des souvenirs

     La paresse envahit mon corps engourdi. Comme il serait agréable de goûter plus longtemps l’aurore, de retarder la proche percée des rayons du soleil et leur cortège de rumeurs croissantes. Bientôt ils rendront intenable l’atmosphère paisible légère et fraîche de la chambre, envahiront les murs, projetteront leurs spots violents sur les niches d’ombre, violant sans vergogne mon espace de repos.

    un réveil brutal
    trop de rayons colonisent

    l'espace - échapper
    à leur lumière aveuglante
    oublier les ombres du jour

    A l’extérieur rayonnant, m'attend l'impatient partenaire ou adversaire de mes joutes quotidiennes,. Vite, refermer les volets, mes volets, quelques heures, quelques minutes…quelques...

    Tanka prose : Réveil d'été




                                                                                           SIDO- N.N
                                                                                              03/2015

     

    (Un tanka prose : petit texte poétique insérant des tanka en harmonie et dans la tonalité de ce qui précède ou suit )


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