Le vent levé chasse
les traînées blanches d'hier
vaisseaux si légers
délestés dans leur voyage
des fardeaux de l'inutile
vers où iront-ils
ces aventuriers du ciel
perdus dans les feux
d'un soir les brillants des nuits
voudront-ils reprendre route

courte leur escale
sur les vagues apaisées
de mes rêveries -
l'aube violine s'agite
chahutant mes souvenirs
SIDO
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Matin tout en gris 
au dessus des cheminées
nuages de brume
en suspens- se fait attendre
la brise - en aveugle aller
j'ai longtemps suivi
dans les volutes grisâtres
le fleuve sans fin
sur ses eaux sombres voyagent
les feuilles de mes pensées
silence des pas
dans les allées de cyprès
endeuillés aux cimes
les souvenirs se succèdent
enrobés d'un voile opaque
poussée par le vent
la brume trace sa route
je l'observe inquiète
en s'éloignant elle laisse
sur moi des pans de manteau
peu à peu l'azur
malgré l'écharpe légère
ceinturant les arbres
enfin pouvoir avec lui
choisir autre garde-robe
SIDO
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L'orchidée
Le verrais je encore
ce jaune de l'orchidée
chaque jour je guette
entre les feuilles nouvelles
se défroissant sous mes yeux
de la fleur d'amour
les racines asséchées
retombent du pot
un peu d'eau de temps en temps
ne serait pas inutile
l'hiver s'éternise
sur ton cadeau défleuri
privée de lumière
l' orchidée souffre avec moi
dis quand nous reviendras tu
SIDO

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Atmosphère plombée 
dehors grève du soleil
mais mon rire fuse
tu te mets à fredonner
i 'm singin in the rain
Jusque dans mes songes
me poursuit l'oiseau rebelle
la voix de Carmen
"prends garde à toi" répété
dans un grondement d'orage
Du temps à rallonge
sans tabac je plane - chaleur
d'un joue contre joue
dans les années cinquante-huit 
" Only you" dit l'oreillette
Me revient en boucle
la chanson du carrousel
au cheval de bois
je tourne tourne avec toi
dans ce manège du temps
Par ma fenêtre entre
Rachmaninov- je revois
un tout jeune enfant
pataugeant dans le lagon
ma gorge soudain se noue
SIDO
Les 4 premiers Tanka font partie d'un Renga de 8 participants (tanka enchainés sur un thème donné, reprenant un mot ou une idée du tanka qui précède ). Ces tanka ne se suivent pas ici. Seul le thème "musique" leur est commun.
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Comme sable humide
encombré d'algues d'hiver
charriées par la mer
je te vois - que vienne l'heure
de ces éboueurs des jours

Je me sens le sable
happé par les rouleaux blancs
je glisse me perd
tu le vois bien rien n'arrête
la force des éléments

un beau soir d'été
dans la main du promeneur
la poignée du sable
rafraîchi par les embruns
je serai ce sable là
SIDO
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Odeur de bois mort
de mimosas sur la fin
après la pluie Mars
en gouttes sur mon visage
là-bas l'amandier fleurit
un autre parfum
imprègne la terre humide
bientôt le printemps
ouvrir en grand les fenêtres
de la chambre inoccupée
le long d'un couloir
la progression du fauteuil
suivi en pensée
par la fenêtre un rayon
et le frisson des feuillages
En face de moi
les herbes du champs voisin
piquetées de blanc
un coin sauvage prospère
ne pas le discipliner !
la maison se met
aux diapason du jardin
livré à lui-même
dans une coupe végète
la jacinthe rescapée
les buissons se taisent
s'approche le machaon
de la digitale
si tu pouvais assister
à ses vols de séduction !
couverte de fleurs
du vieux freesia une tige
s'incline aujourd'hui
puisse-t-elle résister
à l'hiver de mes pensées

SIDO
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Aujourd'hui un ciel
sur partition monotone
flip flap plic plac ploc
chat sur les genoux j'écoute
les saisons de Vivaldi

le vert chatoie sur
les feuilles du nénuphar
constellées de gouttes
dans ces boules de cristal
fragiles que de reflets

Fleur après la pluie
dans les bulles en suspens
reflets de lumière
à des yeux souvent myopes
la nature offre ses loupes
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Pouvoir évoquer
les nuages baroudeurs
ces voyageurs du hasard
les accompagner de mots
dans un silence apaisé
ou ces silhouettes
qui évoluent en danseuses
lentes et diaphanes
je me prends à les envier
si légères, éthérées


je voudrais traduire
le soleil en son déclin
sur les pins penchés
il frémit sur mes épaules
le dernier souffle du jour
Où sont les mots pour
ce rougeoiement éphémère
l'or changé en eau
mesure de toute chose
qui brille et puis disparaît
Ecrire sur ton visage
même dans le noir profond
cela je le peux
suivre les lignes brisées
des joies des petits chagrins
Exprimer l'automne
ses sillons sous tes yeux clairs
l'hiver et le blanc
aux reflets gris argentés
égaré dans tes cheveux
de mes mains s'empare
la plus froide des saisons
aux feuilles tremblantes
de l'encre pâle me reste
j'ai tant à te dire encore

SIDO
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